Pour l’Œil de poisson

à l’occasion d’un solo, en 2001

Nicolas Baier

Quand on se sent dépossédé de notre corps et que le regard qu’on jette sur la vie dérape parce que la fatigue se dédouble en nous, qu’il y a de la paperasse qui s’entasse partout autour et qu’on commence à oublier de se dire les mots doux qui nous faisaient du bien, c’est que la détresse nous rattrape.

Il m’arrive pourtant de tout voir flotter, la lumière, les objets, les choses très importantes qu’on ne peut pas remettre à demain, les bibelots et le mobilier, des secrets  qui reviennent me hanter, les factures, des voix qui se dispersent et se divisent. Je veux montrer la musique quand elle nous passe au travers. Si tout était gonflé d’air et d’hélium, je sauterais lentement par dessus les maisons et les problèmes.

En attendant, je ne suis qu’un flotteur qui dérive et qui vaque/vague au gré du courant et des affluents.