Chaque jour, la notion du temps est faussée, détournée. Je me reconnais à travers l’inventaire des choses et des murs qui m’entourent. Je suis ancré aux lieux que j’habite comme à un miroir. Si par exemple j’ai à déménager, mon travail s’en trouvera complètement transformé. Ainsi, dans le cas qui est le mien, apprendre à regarder, c’est aussi changer/retracer.
Ce qui m’intéresse, ce sont les relations qui unissent notre environnement à notre autoreprésentation, la hiérarchie des objets à notre configuration technologique. Mes photos portent souvent sur l’intime versus le commun, sur les notions d’intérieur (corps/âme, le chez soi, l’appartement/l’appartenance) et d’extérieur (les espaces conjonctifs, l’autre et les autres). J’essaie de mettre en image une zone floue : le champ minimal/vital qui nous sépare du reste du monde tel un dégradé invisible. J’ai toujours envie de photographier de l’air, des choses qui ne se photographient pas. Avec le temps, je me rends compte que je conçois une grille très aléatoire des matériaux qui construisent le regard au quotidien.
Mes propositions sont souples, chaque élément — de par son sujet ou son médium — est facultatif et peut être aisément remplacé au profit de la série. À travers le système, la forme, la méthodologie (avec — comme nomenclatures — les grilles, les flottements, les transparences), ce qui est constant dans mon travail, c’est l’apparent, le fortuit, le conjectural.